Depuis janvier 2009, les services funéraires de la ville de Paris proposent une cérémonie à l’attention des parents concernés par le deuil périnatal et qui n’ont pas pu, ou pas voulu, mettre en œuvre des obsèques. En effet, lorsqu’ils décident de laisser l’établissement de santé prendre en charge le devenir du corps, ils ne peuvent être présents au moment de la crémation. Cette cérémonie collective, qui a été pensée avec l’aide de l’association Petite Emilie, se déroule le premier mardi ouvré de chaque trimestre et accueille une cinquantaine de personnes à chaque fois (parents, familles, amis, mais aussi soignants, bénévoles d’associations…) « Il s’agit de permettre aux parents de s’exprimer sans pour autant tomber dans l’affectif. Et également de laisser une trace pour ces enfants dont il ne reste aucune cendre, explique Jean-Paul Rocle, chargé de mission « Cérémonies et ritualités », sur le site des services funéraires. Ce temps est devenu un véritable rendez-vous indispensable pour des parents en attente d’un vrai signe de reconnaissance de leur parcours : ce n’est pas parce que l’on renonce à une organisation d’obsèques personnalisées après un décès périnatal qu’il n’est pas de nécessité d’un temps et d’un cheminement adaptés. » www.servicesfuneraires.fr/blog/une-ceremonie-pour-les-tout-petits/…
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Mort périnatale : une évolution récente et radicale des pratiques
TweetJusqu’aux années 1990, silence et évitement régnaient en maîtres autour du deuil périnatal. Les IMG et les accouchements d’enfants morts in utero étaient réalisés à l’écart, sous anesthésie générale le plus souvent, derrière un champ pour que la mère ne puisse voir l’enfant. Celle-ci était isolée, renvoyée rapidement chez elle ; la rencontre avec l’enfant était impensable et les rituels funéraires inexistants. « Les soignants pensaient protéger les parents d’une trop grande souffrance et, probablement, s’épargnaient ainsi d’être confrontés à la réalité de la mort à laquelle leur formation ne les avait pas du tout préparés », expliquent les docteures Maryse Dumoulin de la maternité Jeanne-de-Flandre à Lille et Anne-Sylvie Valat du CHRU de Lens [1]. Françoise Damageux, sage-femme cadre au CHI de Poissy-Saint-Germain dans les Yvelines, se souvient : « Au début de ma carrière en 1982, je n’étais pas du tout formée pour appréhender ces situations, raconte-t-elle. L’essor du diagnostic prénatal et du nombre d’IMG pratiquées nous a obligés à faire évoluer nos pratiques, à prévoir ces situations et nous organiser afin d’accompagner au mieux les familles. La présence de plus en plus importante de psychologues dans nos services a été essentielle. Mais il y a eu aussi un dialogue plus important entre nous, une réflexion éthique menée par quelques chefs de service et de plus en plus de publications sur ce thème. » UNE (R)EVOLUTION DES LOIS « Dans les années 1990, on constate une rupture dans les pratiques, rapportée dès 1988 dans la littérature professionnelle par des médecins et des sages-femmes », raconte Dominique Memmi, directrice de recherches en sciences sociales et politiques au CNRS. Désormais, les mères qui subissent des IMG ou accouchent de bébés morts in utero sont rapprochées des autres mères dans les maternités, la sédation est moindre, des entretiens systématiques avec des soignants sont réalisés, et l’on propose aux parents de...

Trop ou pas assez de frottis cervico-vaginaux ?
TweetEn 2015, 2800 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus ont été diagnostiqués en France. La même année, 1100 femmes sont mortes des conséquences de cette maladie. C’est trop. Pourtant, l’incidence de ce cancer a fortement reculé depuis la mise en place du dépistage volontaire. Chaque année, dans notre pays, six millions de frottis sont réalisés. Mais seulement 10 % des femmes en bénéficient dans les temps recommandés. Quelles caractéristiques distinguent les 40 % de femmes qui en font trop souvent des 50 % qui passent au travers ? Pour tenter de comprendre, des chercheurs de l’université Pierre-et-Marie-Curie, de l’Inserm et du CNRS, à Paris, ont passé à la loupe la région Ile-de-France. A cet effet, ils ont étudié les données de 2010 de la cohorte SIRS (Santé, Inégalités et Ruptures sociales), conduite dans les quatre départements centraux franciliens. L’examen des quartiers de vie des femmes a été couplé à leurs caractéristiques individuelles (âge, niveau d’éducation, couverture maladie, vie de couple). Et si la réponse venait de la mobilité ? RESTER DANS SON QUARTIER D’après les résultats de l’étude, les femmes peu mobiles présentent davantage de risque de négliger leur dépistage. Un gros quart de celles qui ont été interrogées (26,9 %) a déclaré n’avoir effectué aucun frottis au cours des trois dernières années. Le plus souvent, ces femmes étaient plus jeunes ou plus âgées, ne vivaient pas en couple, avaient un faible niveau d’études et pas d’assurance ou de mutuelle complémentaire. Surtout, leur espace d’activité était restreint à leur quartier de résidence. Or, pour ces femmes, « on estime que le fait d’habiter dans un quartier faiblement doté en médecins généralistes et gynécologues était associé à un risque significativement plus élevé de retard de dépistage (…) alors que ce n’était pas le cas pour les femmes avec un espace d’activité...

« Ne pas psychologiser systématiquement l’accompagnement du deuil »
TweetLa littérature grise autour du deuil périnatal est de plus en plus riche, pourquoi avoir choisi de coordonner cet ouvrage ? Jocelyne Clutier Seguin : J’ai terminé mes études de sage-femme en 1978, juste au moment de la loi Veil qui instaurait le droit à l’IVG et codifiait les conditions d’une IMG. Alors que je commençais ma carrière, ces deux techniques se sont développées de façon très rapide, en parallèle avec l’essor du diagnostic prénatal. Très rapidement donc, j’ai été confrontée au deuil périnatal sans réelle formation. Il fallait inventer des outils pour accompagner les parents. Au fur et à mesure de ma carrière, j’ai vécu les évolutions des pratiques au sein même des équipes dans lesquelles j’ai travaillé, avec les questionnements venant des professionnels de soin comme des parents concernés. Cet ouvrage revient en quelque sorte sur ces trente années. Rose-Marie Toubin : Il existe en effet de plus en plus de livres sur le sujet, écrits par des psychologues, des pédopsychiatres, des psychanalystes, mais aussi des sociologues, des philosophes et même des écrivains. A travers cet ouvrage, notre objectif est de donner la parole à tous les interlocuteurs directs d’une femme, d’une famille sous le choc, maintenant et dans la durée. En plus des sages-femmes, gynécologues-obstétriciens et pédopsychiatres, on trouve par exemple des textes écrits par des fœtopathologistes, des auxiliaires de puériculture, des aides-soignantes, des médecins généralistes ou encore des anesthésistes, ce qui est très rare, voire inédit sur ce sujet. Toutes les professions sont représentées, car pour nous, l’accompagnement pluriprofessionnel des parents et le travail en équipe sont cruciaux. Par ailleurs, il ne s’agit pas seulement d’évoquer le deuil d’un bébé né à terme ou d’une IMG. Sont aussi traités des sujets comme le suivi de grossesse suivante, la fausse couche tardive, ou encore l’accouchement sous X qui pour la mère...