Deuxième cause directe de mortalité maternelle en France, après l’hémorragie du post-partum, la maladie veineuse thrombo-embolique (MVTE) est pourtant évitable. Mais pour la prendre en charge, encore faut-il la connaître et la reconnaître. Plusieurs études apportaient jusque-là des résultats controversés. Pour en avoir le cœur net, une équipe française mixte (Institut de veille sanitaire, Inserm, université Paris-Descartes, Agence de biomédecine et hôpital Cochin) a compilé un ensemble de données quasi exhaustives sur ces dernières années*. Non seulement l’incidence de la thrombose veineuse profonde et de l’embolie pulmonaire augmente au cours de la grossesse, avec un pic au début du post-partum, mais cette incidence a aussi grimpé au fil des années en France. DONNÉES QUASI EXHAUSTIVES Les chercheurs se sont concentrés sur les femmes domiciliées en France métropolitaine et dans les DOM (hors Mayotte) ayant été hospitalisées pour un accouchement (naissance vivante ou IMG de plus de 22 semaines) ou pour un soin postnatal entre le 1er août 2009 et le 31 août 2014. L’hospitalisation pour une thrombose veineuse ou une embolie pulmonaire a été évaluée à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d’information en médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie (PMSI-MCO). Seuls les cas ayant nécessité une hospitalisation ont été pris en compte et les résultats sont probablement sous-estimés. LE PIC DU POST-PARTUM IMMÉDIAT En 2013, parmi 788 439 femmes ayant accouché, 1570 femmes ont été hospitalisées pour une MTVE (840 pendant la grossesse et 722 pendant le post-partum), dont 561 pour une embolie pulmonaire (272 pendant la grossesse et 289 pendant le post-partum). Ces chiffres correspondent à une incidence de 0,49 ‰ femmes par an pour l’embolie pulmonaire et de 1,51 ‰ femmes par an pour la MTVE en cours de grossesse. Côté post-partum : 1,06 et 2,65 ‰ femmes par an pour l’embolie pulmonaire et la…
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Les femmes enceintes, imprégnées de polluants
TweetBisphénol A (BPA), phtalates, pesticides, métaux lourds, PCB, dioxines et retardateurs de flammes… Pas moins de trois tomes seront publiés courant 2016 par l’Institut national de veille sanitaire (INVS) concernant l’imprégnation des femmes enceintes à ces polluants. Les premiers résultats concernant le BPA, les phtalates et pesticides ont été rendus publics le 2 mai dernier, lors des Lundis de l’Institut national d’études démographiques. Ces substances présentes dans l’environnement font régulièrement parler d’elles en raison de leur effet perturbateur des fonctions endocrines. L’exposition prénatale est suspectée d’entrainer des petits poids à la naissance, une prématurité, des problèmes de développement et des dysfonctionnements du système reproducteur. BIOSURVEILLANCE Dans le cadre du Grenelle 2 et du Plan santé environnement, l’InVS (aujourd’hui regroupé au sein de l’agence Santé publique France) a été chargé de mener une étude de biosurveillance dans le domaine périnatal. Au sein de la cohorte Elfe, un sous-échantillon représentatif de 4145 femmes enceintes a été inclus pour quantifier le degré d’imprégnation à ces produits et identifier les facteurs déterminant ces niveaux d’imprégnation. « La biosurveillance permet de détecter la présence dans l’organisme de substances chimiques ou de leurs produits de dégradation, appelés métabolites, qui sont autant de biomarqueurs », explique Clémentine Dereumeaux, chercheuse à l’InVS. Ces indicateurs biologiques ont été dosés dans des prélèvements (urine, sérum, sang du cordon, cheveux) recueillis chez des femmes lors de l’accouchement dans 211 maternités de France continentale en 2011. Les différents vecteurs d’exposition des femmes à ces polluants ont été évalués via un auto-questionnaire rempli en maternité et un autre, six à huit semaines après la naissance. Ces questionnaires évaluaient la fréquence d’exposition aux différents produits au cours des trois derniers mois, mais pas les quantités de substances auxquelles les femmes s’exposent. Les résultats ont aussi été comparés à des études antérieures ou étrangères, pour...


Postures : ce qu’en dit la science
TweetLes postures, c’est de la tambouille de sage-femme ». Aujourd’hui, peu d’obstétriciens français assument encore ces mots en public. Certains sont même convaincus des bienfaits de l’usage des positions alternatives au décubitus dorsal pendant le travail et l’accouchement. N’empêche. Dans les couloirs de certaines maternités et dans le for intérieur des professionnelles de l’accompagnement de la grossesse et de l’accouchement, la sentence demeure. Les postures, on y croit ou pas. Pour sortir de cet « effet religion », plusieurs équipes de recherche – la plupart incluant des sages-femmes – ont suivi le mouvement général qui traverse désormais l’obstétrique et la maïeutique : s’appuyer sur « l’evidence-based medicine », apporter des preuves scientifiques. Ces derniers temps, quelques études ont tenté de montrer l’intérêt des postures au cours de l’accouchement. Dans l’ensemble, leurs résultats sont très décevants. Y compris pour leurs auteurs. Pourtant, en se fiant à leur sens clinique mis en œuvre dans le secret des salles de naissance, les sages-femmes qui pratiquent ces postures sont persuadées de leur efficacité. Comment expliquer ces résultats ? DÉCUBITUS LATÉRAL ASYMÉTRIQUE L’étude la plus récente a été menée en France sous la houlette de Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne à la maternité de Port- Royal, à Paris, et Anne Chantry, sage-femme et chercheuse en épidémiologie à l’Inserm. Leurs résultats, présentés lors de plusieurs congrès, sont en cours de publication (1). Baptisé Evadela, pour « évaluation du décubitus latéral asymétrique pour faire tourner les variétés postérieures », cet essai randomisé multicentrique se voulait un exemple de scientificité. Dans quatre maternités françaises de différents types, les chercheurs ont recruté 322 femmes avec une grossesse de plus de 37 SA dont le fœtus vivant avait une présentation céphalique en variété postérieure diagnostiquée cliniquement entre deux et neuf centimètres de dilatation et confirmée par échographie. De manière aléatoire, les...



Maisons de naissance : premières inaugurations
TweetC’est avec beaucoup d’émotion que le Calm a été inauguré officiellement le 18 avril dernier dans le XIIe arrondissement de Paris. Plusieurs élus avaient fait le déplacement : Sandrine Mazetier, députée socialiste, Catherine Baratti-Elbaz, maire du XIIe arrondissement, Pénélope Komitès et Bernard Jomier, adjoints à la maire de Paris. Mais c’est la sénatrice centriste Muguette Dini, à l’origine de la proposition de loi ayant autorisé l’expérimentation, qui a coupé le ruban tricolore inaugural. Active depuis 2008, cette maison de naissance a servi de modèle préfigurateur à la loi. La présidente, Mariane Niosi, a souligné que le projet avait été porté par des générations de parents. Quant à Anne Morandeau, une sage-femme présente de longue date au Calm, elle s’est réjouie d’être passée de réunions confidentielles entre collègues pour monter le projet à ce jour d’officialisation. A Nancy, en Lorraine, la maison de naissance « Un nid pour naître » a été inaugurée le 30 avril dernier et une première naissance a eu lieu le 5 mai. Dernière en date à être inaugurée : la maison de naissance de Bourgoin-Jallieu, en Isère. Elle a ouvert ses portes le 1er juin. Baptisée « PHAM » (Premières heures au monde) elle a en partie été équipée grâce à un financement participatif sur Internet : une centaine de personne a donné plus de 5000 euros. Nour Richard-Guerroudj – juin 2016