Le CNOSF a préconisé une baisse du numerus clausus (NC) de 1005 à 900 à la rentrée 2017 et davantage ensuite. Une décision qui pourrait menacer certaines écoles de sages-femmes. Objectif pour l’Ordre : freiner la croissance de l’effectif total des sages-femmes, sans le diminuer pour autant (voir Profession Sage-Femme n° 229 – octobre 2016). Depuis, les représentantes de la profession ont réagit. L’immense majorité s’oppose fermement à l’avis de l’Ordre, pris sans concertation. Seul le conseil d’administration de l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL) a voté pour cette baisse, tout en soutenant la nécessité d’une femme/une sage-femme pour un meilleur accompagnement des patientes. Un vote serré, obtenu d’une voix, preuve que le sujet prête à débat. Pragmatisme à court terme ? Dans son argumentaire, l’ANSFL a choisi l’exercice délicat de faire parler les chiffres. Il y aurait actuellement assez de sages-femmes pour assurer un suivi global à toutes les femmes, si les maisons de naissance étaient généralisées. Prenant exemple sur le Québec, où un équivalent temps plein de sage-femme permet le suivi de 40 femmes enceintes par an, l’ANSFL estime qu’avec 21 632 sages-femmes en activité en 2015 et près de 800 000 naissances, cela correspondrait à 37 accouchements par sage-femme et par an. Certes, ce calcul simple omet de prendre en compte les besoins de congés maternité ou parentaux, dans une profession à majorité féminine. Il oublie aussi le choix de travailler à temps partiel. Mais le calcul de l’ANSFL peut aussi sembler large, car les sages-femmes ne suivront jamais toutes les grossesses. Quant aux nouvelles compétences (suivi gynécologique, IVG médicamenteuses, vaccination et tabacologie), elles ne seraient pas à même de fournir suffisamment d’activité aux professionnelles. En admettant que les libérales réalisent toutes les IVG en ville (31 771), cela ferait près de 6 IVG par sage-femme libérale chaque année…
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Les grandes dates des écoles de sages-femmes
Tweet1973 : Les étudiants sages-femmes ne partagent plus la première année d’études avec les infirmières. 1985 : Le cursus évolue de 3 à 4 ans, avec la rédaction d’un mémoire de fin d’études. 1995 : Une sage-femme dirige le Conseil national de l’Ordre. 2002 : Textes fondateurs de la réforme Licence-Master-Doctorat (LMD). 2003 : Tous les étudiants passent par la Paces, avec cinq ans d’études. 2009 : Elargissement des compétences à la contraception. La filière Maïeutique devient l’une des quatre filières de la Paces. 2010 : Création de l’Ecole universitaire de maïeutique Marseille Méditerranée (EU3M), seule école totalement autonome et universitaire. 2011 : Les écoles entrent dans le processus LMD. 2012 : Création de la Conférence nationale des enseignants en maïeutique (Cnema). 2013 : Le diplôme de formation générale en sciences maïeutiques (DFGSMa) vaut licence. Il boucle le premier cycle. La réforme du deuxième cycle hisse le diplôme d’Etat au grade de master. 2015 : Les premières promotions de diplômés au grade master sortent des écoles. 2016 : Le statut d’enseignant-chercheur en maïeutique est inscrit dans la loi de Santé. Les décrets d’application ne sont pas encore sortis....



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TweetViolence obstétricale : l’apport des sciences sociales La violence obstétricale est apparue récemment dans le débat public français, à propos de pratiques unanimement choquantes (point du mari, toucher vaginal sur patiente endormie). Mais la question de la maltraitance agite les sciences sociales depuis longtemps, tout comme, au niveau international, le milieu des défenseurs d’un accouchement plus respectueux. Dans un article très documenté, une équipe internationale fait le point. Dès 1985, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est inquiétée d’une médicalisation excessive de l’accouchement. Elle invitait le personnel de santé et l’administration à revoir ses protocoles et évaluer l’intérêt de ses pratiques. Depuis, l’épisiotomie et la césarienne – par exemple – ont continué de se multiplier, sans que le phénomène ait un quelconque effet positif sur les taux de mortalité et de morbidité périnatales et maternelles. Le taux d’épisiotomies atteint une moyenne de 70 % dans les maternités de Chypre, de la Pologne et du Portugal. En 2010, les taux les plus bas étaient rapportés au Danemark (4,9 %), en Suède (6,6 %) et en Islande (7,2 %). Côté césariennes, les pays scandinaves, Israël et les Pays-Bas présentaient en 2013 les plus bas taux (15-16,5 %), quand la Turquie, le Mexique, le Chili et le Brésil connaissaient des taux compris entre 45 % et 54 %. Des chiffres nettement plus élevés dans les maternités privées et pour les femmes riches. En 2015, des chercheurs ont montré que ces traitements subis par les femmes en maternité relèvent clairement de rapports de violence et de domination au sein de l’organisation biomédicale. En cause : la relation soignant/soigné, les cultures de service, l’institution et le système de santé dans sa globalité. Pour les sociologues, le phénomène résulte d’une inégalité de genre. Le concept est à l’origine du vocable « violence obstétricale », une des formes les plus invisibles...


Les mémoires récompensés à Evian
TweetLe Grand Prix Evian des écoles de sages-femmes (ESF) soufflait cette année ses 25 bougies. Autant d’années qui ont rendu ce rendez-vous incontournable pour la profession. D’une part, les mémoires présentés sont censés représenter ce qui se fait de mieux dans les écoles. C’est aussi une occasion de rencontres informelles dans un cadre luxueux et paisible. En période de rentrée, les sujets de débats ou d’échanges ne manquent pas pour les représentants des associations invitées et les responsables d’écoles. Temps forts Comme le veut la tradition, la séance inaugurale de ce week-end studieux est en partie consacrée à l’histoire géologique du plateau de Gavot, qui a permis l’éclosion de la source d’Evian, et à la préservation des qualités de son eau aujourd’hui. Puis des exposés thématiques centrés sur la pratique de sages-femmes sont proposés. En partenariat avec le laboratoire Gallia, Hassan Moumin Bahdon, gynécologue-obstétricien à Trappes, a présenté un topo sur la mastite. L’auditoire a surtout réagi aux présentations de deux sages-femmes exerçant en maison de naissance, l’une en Suisse et l’autre en France. Ornella Lenoir et Amélie Battaglia ont détaillé les spécificités de leur pratique, permettant une comparaison. Six lauréats, deux prix Pour ce grand prix 2016, trente écoles ont participé et adressé des candidats ayant validé leur diplôme en amont. Au total, 23 mémoires étaient en lice pour le prix scientifique et 8 pour le prix spécial du jury, qui porte sur des thématiques ayant trait à l’alimentation, l’hydratation ou l’environnement. Les sages-femmes membres du jury ont ensuite sélectionné à partir des résumés les six lauréats présents à Evian. Présidé par la directrice de l’ESF de Tours, Claire Perrin, le jury rassemblait Marjan Nadjafizadeh, enseignante à l’école de Nancy, Patricia Farges, membre de l’Association nationale des sages-femmes territoriales, Françoise Damageux, sage-femme coordinatrice à l’hôpital de Poissy-Saint-Germain, la docteure...