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Pratiques

Un Grand Prix Évian 2018 entre pairs

Créé en 1992, le Grand Prix Évian des écoles de sages-femmes a tenu sa 27e édition à Paris le 28 septembre dernier. Six lauréates étaient en lice, sélectionnées par le jury parmi 38 synopsis de mémoires adressés par les écoles, sur quelque 900 mémoires soutenus en 2018. Cette sélection ne représente pas les meilleurs mémoires de France, mais un échantillon des travaux de qualité. Les présentations des lauréates ont parfois été l’occasion pour les membres du jury d’adresser des messages plus généraux. UN JURY FÉMININ Le jury 2018 regroupait uniquement des femmes, avec comme présidente Isabelle Derrendinger, directrice de l’école de sages-femmes de Nantes. À ses côtés siégeaient Anne Chantry, enseignante à l’école de Baudelocque et chercheuse à l’Inserm, Martine Chauvière, sage-femme coordinatrice au CH de Saint-Malo, Isabelle Hervo, sage-femme sociologue et Marie-Sophie Chavet, pédiatre à l’hôpital Trousseau à Paris. Pour la première fois, la composition du jury dérogeait à la tradition  : aucun gynécologue-obstétricien n’y siégeait. « Lorsque les organisateurs du Grand Prix m’ont sondée, je leur ai suggéré un jury composé essentiellement de sages-femmes et d’une médecin pédiatre. C’est une façon symbolique de valoriser la profession par les pairs et pour les pairs », souligne Isabelle Derrendinger.

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Pratiques

« Le vécu des parents nous donne des indications d’action »

Pourquoi l’expérience des parents et leur vécu vous ont-ils passionnée en tant que chercheuse ? Ce sujet est venu à moi alors que j’effectuais un travail de recherche auprès de femmes dont le bébé se présentait en siège. Je les interrogeais sur leur stratégie de choix entre une voie basse et une césarienne, option au final la plus fréquente. J’ai constaté un paradoxe. Elles optaient en majorité pour une opération alors qu’elles rêvaient surtout d’un accouchement par voie basse. Leur désir était mis de côté au nom de la sécurité. J’ai réalisé à la fois à quel point la césarienne était banalisée par les soignants en cas de siège et combien les femmes avaient tendance à établir une hiérarchie des accouchements, du plus réussi à celui qui serait raté. D’un côté, les professionnels soignants avançaient souvent que l’opération pourrait être aussi bien vécue, voire mieux, qu’un accouchement par les voies naturelles. De l’autre, les femmes avaient comme idéal un accouchement par voie basse sans péridurale. En parallèle, tout un courant de recherches tendait à montrer que l’anxiété des femmes enceintes était plus importante lors d’un accouchement par voie basse par rapport à un accouchement par césarienne. Or, quand on mesure l’anxiété de façon isolée, on interprète les résultats de façon réductrice. Plusieurs éléments sont à prendre en compte pour mesurer le vécu d’une femme, qui est un phénomène complexe. C’est pourquoi j’ai souhaité approfondir cette question du vécu de l’accouchement, qui est un moment pivot dans la vie d’une femme et qui peut avoir des répercussions à long terme. Une expérience positive peut donner un sentiment d’accomplissement personnel ou de confiance en soi. Une expérience négative au contraire peut avoir des répercussions sur la vie conjugale, le lien à l’enfant ou encore sur l’image de soi. Mal vécue, l’expérience suscite […]

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Pratiques

« Le postnatal est le parent pauvre des services de maternité »

Quelle est la conclusion principale de l’étude que vous avez conduite à Marseille ? Dans le post-partum, le vécu de l’accouchement est le facteur de stress majeur perçu par les mères. Ce n’est pas la relation avec le nouveau-né ni la fatigue ou l’allaitement. Pourtant, pour l’immense majorité d’entre elles, la douleur a été prise en charge. Nous sommes parvenus à cette conclusion après avoir étudié le vécu émotionnel des femmes pendant la période du post-partum aux CHU marseillais. Nous avons travaillé dans les deux établissements publics de type III du Gynépôle. À eux deux, ils totalisent 5600 naissances par an. Pendant six mois, courant 2015, nous avons recueilli les réponses de 90 primipares et 110 multipares. L’âge moyen des femmes était de 28 ans et presque 70 % d’entre elles avaient eu recours à une péridurale. Nous leur avons soumis un questionnaire en deux parties. La première était descriptive et la seconde concernait la PDPSI, qui est une échelle psychométrique d’évaluation des facteurs de stress. Scientifiquement validée, elle a été développée par la sage-femme et chercheuse suisse Chantal Razurel. Elle est composée de cinq facteurs de stress post-accouchement qui portent sur la relation au nouveau-né, le vécu de l’accouchement, la fatigue, l’allaitement, la relation avec les soignants. Résultat : quelle que soit la parité, le vécu de l’accouchement recueille les plus hauts niveaux de stress perçus, avec environ 40 % des réponses. Les femmes expriment jusqu’à 20 % être « énormément stressées » et à 24 % être « très stressées ». Pour les autres facteurs, d’importance plus minime, comme la rencontre et la relation au nouveau-né, les primipares sont davantage stressées que les multipares. Mais pour ce qui concerne les douleurs au moment de l’accouchement et de l’expulsion, un facteur de stress identifié comme beaucoup plus important, les multipares sont aussi stressées que les primipares. […]