Figure de l’accès à l’IVG, la gynécologue-obstétricienne Danielle Hassoun, ancienne responsable du centre d’IVG de l’hôpital de Saint-Denis, aujourd’hui retraitée, le suggérait : au cœur de la pandémie de Covid-19, avec ses confinements et sa déprime, « les gens ont moins baisé » (lire Profession Sage-Femme n° 270, avril 2021, p. 19). Longtemps attendues, les données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur l’IVG lui donnent raison. L’explosion d’avortements redoutée par certains n’a pas eu lieu. Bien au contraire, le nombre d’IVG a baissé de 4 % par rapport à 2019. La natalité ayant sensiblement diminué la même année, il y a bien eu moins de conceptions. UNE BAISSE RELATIVE DES IVG La baisse du taux d’IVG est beaucoup plus marquée en France métropolitaine, le taux de recours étant de 14,9 pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2020, contre 15,6 ‰ en 2019. En revanche, dans les départements et régions d’outre-mer, ce taux est stable. Au total, et selon les sources médico-administratives, 222 000 avortements ont été réalisés courant 2020. Mais la Drees nuance les variations. L’année 2019 avait en effet vu une hausse du nombre d’IVG. « Tant la hausse enregistrée en 2019 que la baisse enregistrée en 2020 sont sans doute un peu surestimées, du fait de changements intervenus dans les consignes de codage et des choix statistiques effectués pour limiter autant que possible l’impact de ces changements sur la chronique du nombre d’IVG sur les trois dernières années. Au final, on estime que l’ampleur de la baisse se situe entre 9000 et 11 000 IVG et que le nombre d’IVG en 2020 retrouve un niveau proche de celui observé en 2018 », écrit Annick Vilain, dans son analyse des chiffres pour la Drees. IMPACT DES CONFINEMENTS Particularité de l’année 2020, le nombre d’IVG, habituellement stable, a fluctué au cours des…
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CPTS : quelle place pour les sages-femmes ?
TweetComment faire collaborer les professionnels de ville entre eux, puis avec les hôpitaux de leur secteur ? Comment mieux coordonner les parcours des patients sur chaque territoire ? Comment mener des actions de prévention en évitant des doublons ? Autant d’enjeux auxquels sont censées répondre les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Elles ont été pensées et promues à partir des réflexions et expériences de professionnels de ville jusqu’alors organisés en pôles de santé, associations, maisons de santé pluridisciplinaires, etc. La loi du 26 janvier 2016 les a formellement instaurées. L’objectif était de parvenir, sur un territoire donné, à « l’association de professionnels de santé du premier et du second recours, et d’acteurs sociaux et médico-sociaux, sur la base d’un projet de santé, pour une meilleure organisation des parcours des patients », selon la loi. Pour une fois, l’État n’a pas dicté la démarche, mais a laissé aux professionnels libéraux, à la base du système de santé, le soin de se coordonner. Les dynamiques locales ont été favorisées, dans une démarche ascendante et non descendante. Reste que le soutien public aux CPTS a d’abord été très relatif, comme le notait un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales en 2018. La France comptait alors 200 projets de CPTS. UN ESSOR RÉCENT Il a fallu attendre la loi de 2019 pour qu’un cadre plus précis et des moyens conséquents leur soient accordés, favorisant leur essor. Les CPTS doivent désormais remplir des missions dites socles, définies dans le cadre de l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) des CPTS au niveau national : améliorer l’accès aux soins, organiser le parcours pluriprofessionnel autour du patient, développer des actions de prévention et de promotion de la santé et animer le territoire. « Trois éléments ont contribué à un nouvel enthousiasme pour les CPTS de la part des libéraux, estime FannyChevalier, experte au sein du cabinet de...

« 4 % à 6 % des femmes sont traumatisées par leur accouchement »
TweetVous avez créé le site internet After Birth Trauma, qui est une mine de renseignements sur le stress post-traumatique post-accouchement. Comment est-il né ? Il y a six ans, l’accouchement de mon premier enfant s’est très mal passé. J’ai cherché à comprendre, à avoir mon dossier médical, à faire une démarche de recours pour avoir des explications. Un peu moins d’un an après mon accouchement, après avoir vu trois professionnels différents, j’ai eu un diagnostic de stress post-traumatique. La psychologue de la maternité n’avait rien vu. Pour elle, il n’y avait pas de problème. J’avais reconsulté à distance et, à nouveau, elle ne voyait pas de problème, car je ne présentais pas de dépression du post-partum ni de problème de relation à l’enfant. Sauf qu’au quotidien, je voyais bien que le sujet de l’accouchement revenait tout le temps, que j’avais tout le temps besoin d’en parler, que je ne comprenais pas ce qu’il s’était passé. Mais pour elle, ce n’était pas problématique. Après mon congé maternité, quand j’ai repris le travail et n’étais alors plus avec mon bébé, les symptômes ont explosé. Car tant que j’étais avec mon bébé, je me mettais au second plan. C’est souvent le cas pour les mères en post-partum. J’ai rencontré un nouveau professionnel qui a posé un diagnostic.Mais je n’ai pas pour autant eu une information globale. Il n’y a pas eu de psycho-éducation, qui se pratique dans d’autres domaines. Il s’agit de comprendre ses symptômes, les comportements modifiés, les interactions avec les autres… Le stress post-traumatique est compliqué et a un impact sur de très nombreuses facettes de la vie. C’est très différent de la dépression du post-partum. Au même moment a éclos le sujet des violences obstétricales. Je me suis alors rapprochée de la vie associative. J’ai rencontré Veronica Graham, que j’évoque sur...

L’État de stress post-traumatique en périnatalité : une revue de la littérature
TweetMouna Coulibaly, sage-femme, CH de Rouen Article tiré de mémoire de fin d’études de l’école de sages-femmes de Rouen, réalisé sous la direction duDr Desaunay, pédopsychiatre L’état de stress post-traumatique (ESPT) est un trouble psychiatrique qui peut faire suite à un stress d’une particulière intensité. Il concernerait 3 % à 19 % des femmes en périnatalité [1]. Ce phénomène suscite l’intérêt des chercheurs et des professionnels de santé, mais reste méconnu. Dans le cadre de notre mémoire de fin d’études, nous avions interrogé les sages-femmes libérales et hospitalières de Haute-Normandie (Eure et Seine-Maritime). Sur 154 répondantes, 27 % n’ont jamais entendu parler de l’ESPT et 97 % des sages-femmes considèrent avoir une formation insuffisante en la matière. Bien que cette étude ne soit pas parfaitement représentative de l’état des connaissances de la profession concernant l’ESPT, il nous est apparu essentiel de sensibiliser les sages-femmes à ce trouble souvent confondu avec la dépression du post-partum. 1 L’état de stress post-traumatique (ESPT) 1.1 Définition et signes cliniques L’ESPT se définit par des critères spécifiques du Diagnostic andStatistical Manual of Mental Disorder (DSM-V) [2]. Il est décrit comme un trouble anxieux qui se manifeste à la suite d’un évènement dit « traumatique », dépassant les ressources cognitives de l’individu. Les symptômes sont classés en quatre catégories : • la reviviscence de l’évènement traumatique (flashback, cauchemars, souvenirs répétitifs), • l’évitement des stimuli rappelant l’évènement, • l’altération négative de la cognition et de l’humeur (émotions négatives persistantes, diminution de l’intérêt), • l’hyperréactivité (irritabilité, hypervigilance, difficultés de concentration). Si des symptômes apparaissent dans les jours ou semaines suivant l’évènement, ils sont définis comme un état de stress aigu. L’ESPT apparaît et peut être diagnostiqué à distance, à partir d’un mois après l’évènement. Initialement décrit chez les soldats au retour de la guerre, l’ESPT peut survenir suite à différentes situations : menace de l’intégrité physique de la personne...