C’est un peu comme un couple. Il faut réussir à communiquer », commente Marie Leroy. Depuis deux ans, elle a ouvert un cabinet avec sa consœur et amie Marie-Audrey Cuegniet, à Bourg-Achard, un village de l’Eure, en Normandie. Lasses de leurs sept années passées en maternité hospitalière, les sages-femmes ont eu envie d’explorer une autre pratique. « Nous n’étions satisfaites ni l’une ni l’autre de la prise en charge proposée à l’hôpital, poursuit Marie Leroy. Nous y trouvions l’activité trop sectorisée, ne voyant les patientes qu’à l’accouchement. Nous avons donc fait le choix d’une installation en libéral pour pouvoir suivre des patientes tout au long de leur grossesse. » Une sorte d’accompagnement semi- global, chéri par nombre de libérales. Aujourd’hui, chacune des deux membres de ce duo conserve un mi-temps à la maternité. Et dans leur cabinet partagé, elles chouchoutent leurs patientes à tour de rôle, en totale indépendance. Le cabinet groupé rassure nombre de sages-femmes. Car, revers de la médaille, l’indépendance ne va pas sans une certaine solitude professionnelle. Alors que 67 % des sages- femmes libérales exercent en solo, 22 % ont fait le choix de s’associer. Cela leur permet de conserver un ersatz de travail d’équipe et de mutualiser les moyens, les coûts de l’installation étant divisés par le nombre d’associés. Les risques de l’installation aussi. ESPRIT DE GROUPE Diplômés en 2012, Nathan Bitoun et Anh-Chi Ton se sont installés ensemble un an plus tard dans le VIe arrondissement de Paris, à proximité de l’une des plus grosses maternités de la capitale. « Comme beaucoup de jeunes sages- femmes aujourd’hui, nous avions des contrats hospitaliers non renouvelables. Pour ma part, j’ai enchaîné une alternance de CDD et de chômage. » S’il avait obtenu un poste stable dans une maternité, Nathan Bitoun n’aurait peut-être pas franchi le pas….
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Quels liens entre la ville et l’hôpital ?
TweetLe temps est révolu où les sages-femmes hospitalières ne connaissaient rien de l’activité libérale. Traditionnellement, les sages-femmes installées en ville assuraient des activités complémentaires de l’hôpital, mais les modes d’exercice se tournaient le dos. Avec davantage de liens entre la ville et l’hôpital, bien que le virage ambulatoire souhaité par les autorités de tutelle n’ait pas été totalement mis en œuvre, les professionnelles semblent mieux reconnaître leurs compétences respectives ou partagées. Cette porosité, associée aux effectifs grandissants des libérales, rend ces dernières plus dépendantes de l’hôpital et de son organisation. COLLABORATIONS PLUS NOMBREUSES Selon Alain Vilbrod et Florence Douguet, du Laboratoire d’études et de recherche en sociologie (Labers) en Bretagne, un quart des sages-femmes libérales ont une activité mixte et exercent au sein d’un établissement de santé. Les taux sont plus importants chez les plus jeunes. Ainsi, 22,6 % des professionnelles installées entre 2005 et 2009 ont une activité mixte, contre 17,4 % des installées entre 2000 et 2004 et 10,2 % des installées entre 1995 et 1999. « Pour les plus jeunes, cette activité mixte est contrainte. D’une part, conserver ou gagner une activité en maternité est perçu comme utile en vue d’intégrer une activité salariée par la suite, estime Alain Vilbrod. Mais il s’agit aussi de conserver un revenu supplémentaire lorsque la concurrence est forte en libéral. » A ces chiffres, il faut ajouter les 7,9 % de sages-femmes qui ont accès au plateau technique d’une maternité, un taux en augmentation récente. « Seuls 5,8 % des sages-femmes réalisent réellement des accouchements en plateau technique régulièrement, nuance Alain Vilbrod. Le fait d’avoir cet accès est fortement corrélé à l’ancienneté du diplôme et de l’installation en libéral. Les plus âgées et les plus jeunes sont moins concernées. » Et selon les sociologues du Labers, les liens entre l’hôpital et les...


Là où les autres ne vont pas
Tweet Medina est née de la volonté de deux médecins intervenus lors de la guerre en Bosnie en 1994. Ils avaient alors tenté de guérir une petite fille leucémique, dont l’association porte aujourd’hui le nom en hommage. Créée en 1998, l’ONG s’est fait la spécialité d’intervenir dans des zones de conflits non desservies par les autres ONG. Bosnie, Tchétchénie, Kosovo, Palestine : autant de pays où des projets d’urgence, de post-urgence ou de développement sont en cours. En 2011, la guerre éclate en Syrie. Dès 2012, l’association Medina y noue un réseau. La région d’Alep, la deuxième ville du pays, est aux mains de la rébellion faite d’alliance entre l’armée syrienne libre et des groupes fondamentalistes comme le Front Al Nusra. Elle est régulièrement bombardée par les forces du régime de Bachar al-Assad. Si des hôpitaux et des postes de soins subsistent au cœur de la ville, la banlieue ouest, notamment, est plus démunie. Le besoin d’une maternité se fait sentir et Medina décide d’y remédier. MATERNITÉ CLANDESTINE L’établissement ouvre ses portes en janvier 2015, dans une maison de ville. « Bien qu’elle soit connue de la population locale, la maternité ne doit pas être identifiable, comme un hôpital classique, car elle pourrait constituer une cible, témoigne Franck Carrey, médecin du travail et président de l’association. Nous évitons aussi de communiquer les noms ou des photos des personnes qui y travaillent, par souci de sécurité. » Au démarrage, seuls les accouchements sans complications sont praticables. L’association parvient ensuite à acheminer les équipements nécessaires pour mettre sur pied un bloc opératoire et réaliser des césariennes, à partir de novembre 2015. Aujourd’hui, le taux de césarienne est élevé, car l’équipe est la seule de la zone à pouvoir pratiquer des opérations, ce qui attire des femmes d’un large périmètre. Durant les mois...



Moins de mortalite périnatale en Europe
Tweet Les taux de mort-nés, après 28 semaines d’âge gestationnel et de mortalité néo- natale pour les enfants nés après 24 semaines d’âge gestationnel ont baissé partout en Europe entre 2004 et 2010. C’est ce qu’avait indiqué en mai 2013 le projet Euro-Peristat, coordonné par l’Inserm. Mais une analyse plus fine des données vient apporter des nuances au tableau. Et quelques surprises : alors que les chercheurs attendaient une baisse plus importante dans les pays où la mortalité périnatale était plus élevée en 2004, la baisse a eu lieu partout, y compris dans les pays où la mortalité périnatale était déjà faible. Preuve que même lorsque la situation est presque maîtrisée, on peut encore l’améliorer. Il n’y aurait donc pas de nombre incompressible de décès. Des pays comme la Finlande et la Suède, où la mortalité périnatale était très basse en 2004, ont continué de faire chuter leur taux. DISPARITÉS EUROPÉENNES Mais même en 2010, en Europe, d’importantes disparités demeuraient. Le taux de mortinatalité variait de 1,5 ‰ en République tchèque jusqu’à 4,1 ‰ en Lettonie et 4,3 ‰ en France. En 2004, le taux variait de 2 ‰ en Finlande, jusqu’à 4,9 ‰ en Lettonie ou en France. Aux Pays-Bas, la mortinatalité est passée de 4,3 ‰ à 2,9 ‰ entre 2004 et 2010, quand le Danemark a vu son taux chuter de 3,7 ‰ à 2,3 ‰. Ce sont les deux plus fortes baisses. Seul le Luxembourg a enregistré une hausse, passant de 2,8 ‰ en 2004 à 2,9 ‰ en 2010. La même année, le taux de mortalité néonatale pour les bébés âgés de plus de 24 semaines à la naissance allait de 1,1 ‰ de naissances vivantes en Slovénie jusqu’à 4 ‰ à Malte. Six ans plus tôt, ce taux variait de 1,9 ‰ en République...