Exposé Au cours des séances de préparation à la naissance, Louise* exprime son souhait de ne pas allaiter le premier enfant qu’elle attend. En effet, elle appréhende de donner le sein du fait d’importantes cicatrices au niveau de sa poitrine, suite à une chirurgie thoracique cardiaque. Nous abordons alors les différentes options envisageables. Cela inclut l’alimentation au biberon à l’aide de préparations pour nourrisson (PPNRS), ce qui semble être la solution la plus envisagée par Louise. Nous évoquons aussi le don de lait maternel exprimé ou encore la possibilité de donner une première tétée ou quelques tétées à la convenance de la maman. Louise semble très attentive à toutes les propositions, mais reste convaincue qu’elle préférera donner le biberon avec des préparations pour nourrisson (PPNRS). Suite à son accouchement, lorsque sa petite fille Kim* est posée sur son ventre et que Louise observe que son bébé semble chercher le sein, elle ressent l’envie de la laisser faire pour une première tétée. Lors de son installation en chambre et pendant les 24 premières heures, Louise donnera des biberons de préparation pour nourrisson à Kim. Cependant, au bout de 24 heures, elle commence à regretter sa décision, car elle a pu constater que lors de la première tétée en salle de naissance, les cicatrices n’ont pas posé de difficulté particulière. Elle souhaiterait tenter d’allaiter Kim. L’équipe semble déroutée par cette demande inhabituelle d’allaitement après 24 heures d’alimentation artificielle et lui demande de me contacter afin de faire le point sur ce qui est envisageable ou non. Lors de cet entretien téléphonique, nous revenons sur la possibilité d’un allaitement indéterminé. Dans ce cas, Louise sera considérée comme une maman qui n’allaite pas (biberon de PPNRS à sa disposition). Louise et Kim décideront ensemble des tétées au sein ou au biberon. Je lui indique alors qu’il faudra…
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CPTS : quelle place pour les sages-femmes ?
TweetComment faire collaborer les professionnels de ville entre eux, puis avec les hôpitaux de leur secteur ? Comment mieux coordonner les parcours des patients sur chaque territoire ? Comment mener des actions de prévention en évitant des doublons ? Autant d’enjeux auxquels sont censées répondre les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Elles ont été pensées et promues à partir des réflexions et expériences de professionnels de ville jusqu’alors organisés en pôles de santé, associations, maisons de santé pluridisciplinaires, etc. La loi du 26 janvier 2016 les a formellement instaurées. L’objectif était de parvenir, sur un territoire donné, à « l’association de professionnels de santé du premier et du second recours, et d’acteurs sociaux et médico-sociaux, sur la base d’un projet de santé, pour une meilleure organisation des parcours des patients », selon la loi. Pour une fois, l’État n’a pas dicté la démarche, mais a laissé aux professionnels libéraux, à la base du système de santé, le soin de se coordonner. Les dynamiques locales ont été favorisées, dans une démarche ascendante et non descendante. Reste que le soutien public aux CPTS a d’abord été très relatif, comme le notait un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales en 2018. La France comptait alors 200 projets de CPTS. UN ESSOR RÉCENT Il a fallu attendre la loi de 2019 pour qu’un cadre plus précis et des moyens conséquents leur soient accordés, favorisant leur essor. Les CPTS doivent désormais remplir des missions dites socles, définies dans le cadre de l’accord conventionnel interprofessionnel (ACI) des CPTS au niveau national : améliorer l’accès aux soins, organiser le parcours pluriprofessionnel autour du patient, développer des actions de prévention et de promotion de la santé et animer le territoire. « Trois éléments ont contribué à un nouvel enthousiasme pour les CPTS de la part des libéraux, estime FannyChevalier, experte au sein du cabinet de...

« Un système complexe impose de la coordination »
TweetL’enjeu de la coopération et de la coordination des professionnels libéraux est ancien en périnatalité. En quoi les CPTS sont une réponse ? Il ne suffit pas d’avoir des professionnels de santé bien formés, en nombre suffisant pour que le système fonctionne bien. Et l’avenir n’est pas lié qu’au financement de l’hôpital. Nous sommes dans un système de santé complexe, ce qui impose des besoins de coordination. La France est en train de corriger son point faible en matière d’organisation collective. Les CPTS permettent de s’organiser en ambulatoire, pour faire des choses compliquées, comme l’accompagnement de parcours complexes pour des patients, et travailler avec l’hôpital. Il est possible de traiter de situations complexes en ville en ayant des protocoles partagés d’orientation pour l’entrée et la sortie des patients de l’hôpital par exemple. Savoir quelles structures existent, qui contacter pour quelle problématique, où et quand, est capital. Les professionnels de santé libéraux semblent l’avoir compris, notamment à travers la crise sanitaire. Nous n’atteindrons pas l’objectif de 1000 CPTS en 2022 souhaité par le Gouvernement, mais nous en approchons. Alors que cela ne fait que deux ans que les CPTS ont obtenu un cadre et des moyens de fonctionnement, nous avons comptabilisé plus de 700 CPTS à l’état de projet ou actives, couvrant près de 50 millions d’habitants, ce qui est très positif. Parmi elles, près de 160 ont déjà signé un accord conventionnel interprofessionnel. La moitié d’entre elles sont adhérentes de la Fédération. Le phénomène des CPTS apparaît désormais comme irréversible. Ce qui est intéressant, c’est que quasiment toutes comptent des sages-femmes parmi leurs adhérents. Nos enquêtes ne nous permettent pas en revanche d’identifier combien de CPTS comptent de sages-femmes dans leur gouvernance. Cette participation nous intéresse en tout cas beaucoup, car la profession se développe de plus en plus en libéral. Et si nous...

L’état de stress post-traumatique en périnatalité
TweetQu’est-ce que l’état de stress post-traumatique (ESPT) ? L’ESPT (cas général) est un trouble psychique qui survient après un évènement « traumatique » dépassant les ressources cognitives et émotionnelles de l’individu. Les symptômes sont classés en quatre catégories selon le DSM-V (1) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – 2013) : l’évitement des stimuli rappelant l’évènement l’hyper-réactivité (irritabilité, hyper-vigilance) la reviviscence de l’évènement (cauchemars, flashback) une altération de l’humeur (émotions négatives) L’ESPT a été initialement décrit chez des soldats au retour de guerre. Il peut aussi survenir dans des situations très diverses : atteinte de l’intégrité corporelle (accidents, problèmes de santé, agressions, dont sexuelles), catastrophes naturelles, crainte pour la santé d’autrui… Si des symptômes apparaissent dans les jours suivant l’évènement, on le définit comme un état de stress aigu. L’ESPT apparait à distance de l’évènement (à partir d’un mois). ESPT et maternité Épidémiologie La prévalence de l’ESPT en périnatalité est d’environ 3 % chez les femmes : 1 % pré-existant et 2 % consécutifs à la grossesse et/ou l’accouchement (2) 18,95 % pour les femmes qui présentent des facteurs de risque (2) 9 % en cas de perte périnatale (3) Le père peut lui aussi developper un ESPT (notamment dans des contextes d’HDD et de prématurité) (4)(5). Facteurs de risque (6) – ATCD violences physiques/morales/sexuelles – ATCD psycho/psychiatriques (dépression, troubles psy) – Vécu psychique SUBJECTIF de l’accouchement (7) 45 % des femmes évoquent l’accouchement comme un facteur de stress majeur et/ou traumatique (8) – Prématurité/pathologies fœtales – Complications obstétricales (césariennes, HDD, MFIU, IVG…) Facteurs protecteurs -> Comment prévenir l’ESPT ? • Sentiment de contrôle, participation aux prises de décisions médicales tout au long du suivi périnatal • Questions et échanges possibles : espace de parole • Être attentif à la douleur et au soutien perçu • S’assurer que la patiente se projette dans la réalité • Orientation précoce des femmes à risque (9)(10)....