Le partogramme est-il encore utile ? Pour prévenir les complications de l’accouchement, des scientifiques ont depuis longtemps chercher à les prédire en fonction du déroulement du travail. De nouvelles techniques statistiques, basées sur des modèles multifactoriels, peuvent augmenter la précision des courbes en incorporant plusieurs facteurs directement reliés à la progression du travail. Les calculs s’adaptent aux conditions en cours pour chaque femme. Pour y voir plus clair, des chercheurs canadiens et américains ont comparé deux méthodes qui permettent d’examiner la relation entre le déroulement du travail et l’apparition de complications. Ils ont inclus dans leur étude 4703 femmes enceintes d’un singleton en présentation céphalique, ayant accouché dans deux hôpitaux universitaires de référence en 2012 et 2013. Un groupe de femmes ayant eu des complications en lien avec la progression du travail a compté 272 césariennes pour arrêt de progression du travail, 558 césariennes dues à un monitoring cardiaque fœtal alarmant, 178 hémorragies du postpartum, 237 détresses fœtales. Restaient donc 3004 femmes dans le groupe des accouchements spontanés par voie basse sans complication. Résultats : la durée d’un arrêt de dilatation à 6 centimètres n’est d’aucun intérêt pour prédire une quelconque complication. Les modèles multifactoriels se sont révélés beaucoup plus performants, surtout pour une césarienne et, dans une moindre mesure, une hémorragie du postpartum ou une détresse fœtale. Ces modèles permettent une analyse plus fine pour évaluer dans un continuum la dilatation du col et la descente du bébé. En outre, ils peuvent être utilisés à partir de3 centimètres de dilatation, contrairement aux techniques actuelles qui reposent sur un système binaire « succès/échec » applicable seulement en phase tardive du travail. Alors que les césariennes ne cessent d’augmenter, que nombre d’entre elles s’avèrent évitables, est-il temps de revoir les modèles de suivi du travail ? Hamilton et coll. « Assessing…
Sur le même thème

Cabinet groupé : le point juridique
TweetQuelles sont les structures juridiques adaptées aux cabinets groupés de sages-femmes ? L’association simple, sans partage d’honoraires, est un contrat qui a pour but de prévoir l’organisation et le fonctionnement du cabinet, comme la gestion des absences, des remplacements, la répartition des charges. Il y a une indépendance des sages-femmes au niveau des exercices et des honoraires. Il n’y a donc pas de partage de patientèle et chaque sage- femme est responsable à titre individuel. C’est le contrat le plus simple, mais l’association n’a pas de personnalité morale. La société civile de moyens (SCM) est une structure sociétale. Elle a donc une personnalité juridique. Comme l’association, elle permet de conserver une indépendance dans l’exercice. Là non plus, les sages-femmes ne partagent pas les honoraires. La société civile de moyens a un unique objet : elle permet d’organiser le partage des moyens. Elle vise donc à répartir les charges, le matériel, le téléphone, le personnel éventuellement. La responsabilité financière de la sage-femme demeure à hauteur des apports qu’elle a investis dans la société. Enfin, la société d’exercice libéral (SEL) va au-delà du groupement de moyens. Elle s’inscrit dans un projet à long terme, demande un investissement plus important. L’exercice se fait en commun, comme l’activité économique. Les honoraires sont donc partagés. La structure est ouverte aux professions libérales et permet l’investissement de capitaux extérieurs. Les sages-femmes sont associées. Elles conservent leur responsabilité individuelle, mais il existe une responsabilité solidaire de la société. La forme la plus simple et la plus répandue est celle de la société d’exercice libéral à responsabilité limitée (SELARL). Ici aussi, la responsabilité financière de la sage-femme demeure à hauteur des apports qu’elle a investis dans la société. C’est intéressant en cas de dettes sociales. Cela permet de distinguer son propre patrimoine de celui de la société. Quelles sont...


Là où les autres ne vont pas
Tweet Medina est née de la volonté de deux médecins intervenus lors de la guerre en Bosnie en 1994. Ils avaient alors tenté de guérir une petite fille leucémique, dont l’association porte aujourd’hui le nom en hommage. Créée en 1998, l’ONG s’est fait la spécialité d’intervenir dans des zones de conflits non desservies par les autres ONG. Bosnie, Tchétchénie, Kosovo, Palestine : autant de pays où des projets d’urgence, de post-urgence ou de développement sont en cours. En 2011, la guerre éclate en Syrie. Dès 2012, l’association Medina y noue un réseau. La région d’Alep, la deuxième ville du pays, est aux mains de la rébellion faite d’alliance entre l’armée syrienne libre et des groupes fondamentalistes comme le Front Al Nusra. Elle est régulièrement bombardée par les forces du régime de Bachar al-Assad. Si des hôpitaux et des postes de soins subsistent au cœur de la ville, la banlieue ouest, notamment, est plus démunie. Le besoin d’une maternité se fait sentir et Medina décide d’y remédier. MATERNITÉ CLANDESTINE L’établissement ouvre ses portes en janvier 2015, dans une maison de ville. « Bien qu’elle soit connue de la population locale, la maternité ne doit pas être identifiable, comme un hôpital classique, car elle pourrait constituer une cible, témoigne Franck Carrey, médecin du travail et président de l’association. Nous évitons aussi de communiquer les noms ou des photos des personnes qui y travaillent, par souci de sécurité. » Au démarrage, seuls les accouchements sans complications sont praticables. L’association parvient ensuite à acheminer les équipements nécessaires pour mettre sur pied un bloc opératoire et réaliser des césariennes, à partir de novembre 2015. Aujourd’hui, le taux de césarienne est élevé, car l’équipe est la seule de la zone à pouvoir pratiquer des opérations, ce qui attire des femmes d’un large périmètre. Durant les mois...



Quels liens entre la ville et l’hôpital ?
TweetLe temps est révolu où les sages-femmes hospitalières ne connaissaient rien de l’activité libérale. Traditionnellement, les sages-femmes installées en ville assuraient des activités complémentaires de l’hôpital, mais les modes d’exercice se tournaient le dos. Avec davantage de liens entre la ville et l’hôpital, bien que le virage ambulatoire souhaité par les autorités de tutelle n’ait pas été totalement mis en œuvre, les professionnelles semblent mieux reconnaître leurs compétences respectives ou partagées. Cette porosité, associée aux effectifs grandissants des libérales, rend ces dernières plus dépendantes de l’hôpital et de son organisation. COLLABORATIONS PLUS NOMBREUSES Selon Alain Vilbrod et Florence Douguet, du Laboratoire d’études et de recherche en sociologie (Labers) en Bretagne, un quart des sages-femmes libérales ont une activité mixte et exercent au sein d’un établissement de santé. Les taux sont plus importants chez les plus jeunes. Ainsi, 22,6 % des professionnelles installées entre 2005 et 2009 ont une activité mixte, contre 17,4 % des installées entre 2000 et 2004 et 10,2 % des installées entre 1995 et 1999. « Pour les plus jeunes, cette activité mixte est contrainte. D’une part, conserver ou gagner une activité en maternité est perçu comme utile en vue d’intégrer une activité salariée par la suite, estime Alain Vilbrod. Mais il s’agit aussi de conserver un revenu supplémentaire lorsque la concurrence est forte en libéral. » A ces chiffres, il faut ajouter les 7,9 % de sages-femmes qui ont accès au plateau technique d’une maternité, un taux en augmentation récente. « Seuls 5,8 % des sages-femmes réalisent réellement des accouchements en plateau technique régulièrement, nuance Alain Vilbrod. Le fait d’avoir cet accès est fortement corrélé à l’ancienneté du diplôme et de l’installation en libéral. Les plus âgées et les plus jeunes sont moins concernées. » Et selon les sociologues du Labers, les liens entre l’hôpital et les...