Fin août, un premier rapport a donné une étendue des dégâts causés par le valproate de sodium, appelé aussi acide valproïque, hautement tératogène (voir Profession Sage-Femme n°224 – avril 2016). Sur la période 2007-2014, il estime que 14 322 femmes enceintes inscrites au régime général de la Sécurité sociale ont été exposées à cet antiépileptique ou ses génériques selon une évaluation de l’Agence de sécurité nationale du médicament et de l’Assurance Maladie. Dans 57 % des cas, les femmes étaient traitées pour épilepsie. Dans cette situation, 85 % des fœtus ont été exposés durant le premier trimestre de grossesse, 68 % au cours du deuxième trimestre et 66 % au cours du troisième. Quant aux 43 % de femmes exposées suite à une prescription pour trouble bipolaire, l’étude rapporte 94 % de fœtus exposés au premier trimestre, 15 % au deuxième et 14 % au dernier. Il s’agit là d’estimations basses, l’analyse ayant retenu comme exposées les femmes ayant eu au moins une délivrance de médicament postérieure à la date du début de grossesse, sans tenir compte des prescriptions antérieures. En prenant en compte les femmes affiliées à la MSA et au RSI en 2014, l’estimation augmente aussi le nombre de grossesses exposées de 3 %. Autre fait préoccupant, l’étude rapporte que 51 512 femmes en âge de procréer était exposées au valproate de sodium au premier trimestre 2016. L’ampleur réelle de ce drame sanitaire reste mal connue. L’enquête sur l’état des enfants nés de ces grossesses sous valproate est en cours. Mais déjà, dans le quotidien Les Echos du 12 septembre dernier, l’épidémiologiste Catherine Hill estimait qu’en 48 ans, 12 000 enfants ont été atteints de troubles neurologiques et 3000 souffrent de malformation dues à la Dépakine® et ses dérivés. Les familles sont inquiètes et l’association Aide aux parents…
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Sur le front des hépatites
TweetPour la première fois dans l’histoire de la médecine, nous avons les moyens de soigner une maladie chronique mortelle. Il s’agit de l’hépatite C. Apparus voilà deux ans, de nouveaux traitements, qui s’attaquent directement au virus et pas seulement à ses symptômes, sont efficaces à 98 % en douze semaines seulement. C’est une révolution. Du côté de l’hépatite B, également mortelle, un vaccin existe depuis plus de vingt ans et des progrès ont aussi été accomplis dans la prise en charge de la maladie. Pourtant, dans le monde, près de 500 millions de personnes ont une infection due aux virus des hépatites B (VHB) et C (VHC). Chaque année, plus d’un million en meurent. Des chiffres qui ne cessent de grimper au fil des ans. Depuis 1990, la mortalité mondiale a augmenté de 63 %. Les hépatites tuent davantage que le sida, la tuberculose ou le paludisme. La France n’est pas épargnée. En 2011, plus de 340 000 personnes ont été infectées par le VHC, dont presque 193 000 ont développé une infection chronique. En 2004, le nombre de personnes qui ont rencontré le VHB s’élevait à 3,2 millions, dont 280 800 avec une infection chronique. Or, 80 % des personnes infectées dans le monde ignorent leur état. Et dans le cas de l’hépatite C, la maladie peut mettre vingt à trente ans à se déclarer. En outre, « ces dernières décennies, la communauté mondiale n’a pas accordé à l’hépatite virale toute l’attention qu’elle méritait », selon l’OMS, qui qualifie la problématique « d’épidémie silencieuse ». La transmission mère-enfant reste une cause majeure de son maintien, les virus circulant essentiellement via le sang et, pour l’hépatite B, par voie sexuelle. Ces deux maladies virales sont aussi les causes les plus fréquentes d’atteinte hépatique non spécifique de la grossesse. Comment prendre en charge les mères...

« En termes de santé publique, la base est là »
TweetQue penser des stratégies de santé publique développées en France dans la lutte contre les hépatites en périnatalité ? Globalement, elles sont adaptées. Le dépistage de l’hépatite B est obligatoire au cours de la grossesse. En France, en la matière, c’est une exception. Viennent ensuite deux recommandations : la sérovaccination du nouveau-né d’une mère infectée par l’hépatite B ainsi que le dépistage de cet enfant à 9 mois. Les trois piliers de la santé publique sont donc bien là. C’est la base. Il faudrait cependant améliorer le dépistage. Aujourd’hui, il doit être réalisé au sixième mois de grossesse. Mais il faudrait le faire plus tôt. Dans le rapport Dhumeaux, qui est un rapport d’experts rendu public en 2014 et rédigé sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites et de la Société française d’hépatologie, je coordonnais le groupe de travail dédié à la transmission des infections virales B et C de la mère à l’enfant. Nous avions préconisé de réaliser ce test lors de l’examen prénatal, en même temps que ceux du VIH, de la rubéole et de la toxoplasmose. Car lorsque nous dépistons une hépatite B à six mois de grossesse, si la future mère a besoin d’un traitement, c’est un peu tard. Il est en effet possible de traiter au cours du troisième trimestre les femmes dont la charge virale est élevée. Or, quand des antigènes de l’hépatite B sont dépistés au sixième mois, il faut reconvoquer la patiente pour lui expliquer, puis faire une recherche d’ADN du virus pour évaluer la charge virale avant de pouvoir mettre en place un traitement. Nous pouvons facilement perdre un mois. Pourtant, il est important de faire baisser la charge virale de la mère avant la naissance de façon à mieux protéger l’enfant. Malheureusement, depuis ces...

Les Trod, outils de dépistage de masse
TweetDans le monde, 80 % des personnes infectées par une hépatite virale ignorent leur état. En France, c’est le cas de plus de la moitié des porteurs du VHB. Aujourd’hui, le dépistage repose sur un test sanguin. Il est manifestement insuffisant. Les Trod, pour « tests rapides d’orientation et de dépistage », seraient un bon complément. Efficaces pour détecter la présence du VHB comme du VHC, ils devraient bientôt être accessibles sur le sol français. Une seule goutte de sang, prélevée au bout du doigt, suffit. Plusieurs virus peuvent être recherchés sur le même appareil. Le résultat, simple à lire, est obtenu en quinze minutes. Faciles d’utilisation, ces tests rapides et fiables peuvent être utilisés dans un cadre non médicalisé, dans un bus par exemple. Après évaluation, la Haute Autorité de santé vient de les autoriser. Pour la recherche du VHB, le seul Trod actuellement commercialisé en France ne détecte que l’un des trois marqueurs de la maladie. Il permet d’identifier les personnes infectées par le virus, mais pas celles qui n’ont jamais été contaminées par le VHB et qui pourraient bénéficier d’une vaccination. C’est pourquoi ce nouveau test ne peut totalement se substituer au dépistage réalisé en laboratoire. G.M. ...